Soumis par Annie Dhénin le
Commune:
Texte:
Bourgneuf… est en fait un village très ancien, attesté depuis le Haut Moyen-Âge. Son église semble avoir toujours été vouée à la Vierge Marie; une' procession à son honneur a longtemps drainé des fidèles de tous les bourgs environnants, au temps de la Pentecôte .
Église romane donc, qui apparaît bien sur la Mappe de 1732 et sur le cadastre napoléonien.
Sa vétusté conduisit le Conseil communal à projeter sa reconstruction (en la réorientant)
On espérait d'abord conserver l'antique clocher; mais lorsque les murs du nouveau sanctuaire commencèrent à s'élever... il menaça ruine. Il fallut donc le raser, comme l'église, et le reconstruire. Non sans problèmes.
Car les difficultés expliquent la durée nécessaire à la reconstruction : il fallut 10 ans, entre 1859 et 1869, pour ouvrir à nouveau les lieux au culte. Pendant ce temps, les filles attendaient leur école, affectée provisoirement à la paroisse.
Pourtant, Bourgneuf avait choisi un architecte de renom, Théodore FIVEL, auteur de plusieurs églises savoyardes, réalisées dans le style "néo-gothique" : Allevard, Albens, Rendens…
Il est vrai que sa réputation n'était pas sans tache: c'était disait le Sous-Préfet un architecte à problèmes.
Et en effet, on s'explique mal la série de difficultés techniques connue par la municipalité de Bourgneuf :
- le 1er entrepreneur abandonna les travaux, son matériel, ses ouvriers, et sa caution, pour 's'enfuir en Italie... où il mourut. Il faut dire qu'il ne voyait pas le bout de ses peines, l'Administration multipliant les embûches et les retards dans l'approvisionnement. La caution trouva un nouvel entrepreneur, qui reprit les travaux...
- Mais alors, il fallut admettre que le vieux clocher était devenu dangereux. Nouveau clocher, aux fondations insuffisantes: fissures majeures, au clocher et dans l'église, nouveaux travaux après un temps d'observation, pour vérifier que le "travail" des murs n'évoluait plus.
Puis, désaccord entre l'architecte et les entrepreneurs chargés des embellissements.
Sur quoi, le curé, très conservateur (voire virulent), et impatient d'officier dans l'église (on peut le comprendre) mêla sa voix au concert : ni lui, ni les membres de la Fabrique, n'aimaient la couleur verte choisie par Fivel pour l'intérieur ; mais alors, pas du tout!
Bref, la municipalité souffrit beaucoup, et dut faire face à des frais imprévus, alors que les travaux pour les endiguements des rivières (Isère, Arc, Gelon) et la construction de la route vers La Rochette pesaient lourdement sur les Finances de cette commune située à la confluence de 3 cours d'eau.
Mais aujourd'hui, l'église tient bon, à l'entrée du village, et constitue l'un des plus jolis exemples savoyards de cette architecture "néo-gothique" propre au XIXe siècle.
A.Dh.
Bibliographie, Source(s):
Archives départementales de Savoie, cote 2O 746, dossier : construction de l'église
Pour aller plus loin... voir Wikipedia, où sont citées :
• Église St-Maurice à Drumettaz-Clarafond. 1860.
• Église St-Antonin à Doucy-en-Bauges. 1863.
• Sanctuaire ND-de-l'Aumône à Rumilly. Restauré en 1863.
• Église d'Albens (construite entre 1862 et 1863).
• Église St-Maurice à Bellecombe en Bauges. 1865.
• Église St-Nicolas d'Arbin. style néoroman (1721), l'édifice est agrandi en 1865
• Église ND-de-l'Assomption du Noyer. 1867
• Église ND-de-l'Assomption à Sévrier. 1876
• Basilique St-François-de-Sales à Thonon-les-Bains. Débutée en 1889
• Chapelle Saint-Pierre de Valloire. Style néo-gothique, construite en 1858.
Ajoutons Barby (1862), Chambéry-le-Vieux (1864), Jarsy (1866), Bourgneuf et Épierre !
À voir aussi aux AD073 : Fonds Ferdinand FIVEL, Sous-série 9J, IR 2515, Don, 19 novembre 2002.