L'épicier ambulant

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Alice Maître a passé son enfance aux Frasses. Elle a raconté ses souvenirs d'enfant.

Aux Frasses : l'épicier ambulant

Il arrêtait son cheval près du château, à l'ombre du gros marronnier. C'est là que nous l'attendions, nous, les trois petits, avertis que nous avions été par le son familier de la corne. C'était le dernier arrêt de la tournée de notre épicier. Ce brave Monsieur Georges !

Souriant, notre brave épicier ! Après avoir "serré la mécanique" pour immobiliser son attelage, l'air jovial, il descendait de son siège et s'apprêtait à nous "servir". Sa grosse sacoche en bandoulière, le crayon calé sur son oreille droite, il soulevait l'auvent latéral de sa vieille guimbarde.
C'était une épicerie ambulante bien étonnante que celle de Monsieur Louis Georges ! Mille trésors d'où se dégageaient les odeurs les plus diverses : café, chicorée, épices, morue, cristaux et lessive ; lessive à la violette "la Centenaire" de fabrication chambérienne. Maman trouvait à ce rendez-vous hebdomadaire toutes les provisions pour sa maisonnée. Je revois encore le sucre cristallisé vendu par cinq kilos, sous forme de cône sous son papier bleu, les poissons séchés, pesés sur les plateaux de la balance Roberval !

Nous attendions le moment où nos petits bras seraient sollicités pour porter les marchandises achetées jusqu'à la cuisine et recevoir la petite récompense d'usage : un sucre d'orge à partager ou un bâton de réglisse.
Provisions faites, les bras chargés, nous quittions tous Monsieur Georges qui repartait pour une nouvelle destination.
Au revoir, à la semaine prochaine !
Merci beaucoup !

Bibliographie, Source(s): 

Entre Chamoux et Coise, Souvenirs d'Alice Légat, née Maître, institutrice, 1914-2007

Image box: 

Le château des Frasses à Coise