Soumis par Annie Dhénin le
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En 1875, Victor Barbier (1828-1898) a publié un ouvrage très fouillé (consultable sur Gallica.fr) :
"La Savoie industrielle. Introduction. Industries textiles. Tanneries. Papeteries. Industries diverses"
Dans le tome 1, il consacre 158 pages à la production de la soie en Savoie, depuis 1616, et surtout au 19e siècle.
Les positions de l'auteur, en particulier sur les conditions de travail des femmes et des enfants, surprendront : elles sont très marquées par les mentalités d'une certaine classe à la fin du XIXe siècle...
On trouvera l'ensemble de ces pages transcrit sur ce site dans la rubrique "Pages d'Histoire"
Voici les notes concernant Myans
Myans (Savoie), arrondissement de Chambéry, canton de Monimélian, commune des Marches. — Ce petit village est célèbre par un pèlerinage qui attire chaque année, au mois de mai, et surtout le 8 septembre, un grand nombre de fidèles empressés de venir faire leurs dévotions à l'autel de la sainte Vierge.
L'église, au sommet de laquelle on aperçoit une Vierge dorée, est entretenue aux frais de la mense épiscopale et desservie par les Pères jésuites, missionnaires.
Myans est remarquable aussi par ses abîmes (sorte de chaos) formés par la chute du Mont-Grenier, sous lequel furent engloutis, le 25 novembre 1245, plusieurs villages, dont le plus important était celui de Saint-André. Lors de l'occupation de la Savoie par les Espagnols, en 1742, les abimes de Myans furent le théâtre d'une campagne qui, en raison de la rigueur de la saison, amena la destruction totale des vignes, des bois et des arbres fruitiers de tout le voisinage. En 1810, le Gouvernement abandonna tout le territoire aux habitants ; le terrain qui n'était couvert que de broussailles fut rapidement défriché, la culture de la vigne prit une extension rapide, et fournit maintenant, chaque année, une ample récolte de vin. On se rend à Myans par deux belles routes ou par le chemin de fer (station des Marches}. C'est une des jolies promenades des environs de Chambéry.
La filature des cocons occupait, il y a quelques années encore, ainsi que nous l'avons dit plus haut, un assez grand nombre de bras , et procurait aux populations agricoles de la Savoie une rémunération assez importante.
La filature de Myans fut créée à la suite de la crise de1847, qui fit fermer presque toutes les usines de même espèce en Savoie.
La maladie constante des vers à soie, la création d'un grand établissement à Betton-Bettonnet, ont obligé les propriétaires à renoncer momentanément à une exploitation qui n'était plus fructueuse, mais qui pourra être reprise plus tard si les conditions sont meilleures, les bâtiments n'ayant point été distraits de leur destination.
Elle se composait de vingt bassines, dont douze marchaient habituellement tous les ans pendant cinq il six mois, suivant l'abondance de la matière première. Le mécanisme fonctionnait au moyen d'une machine à vapeur de la force de huit chevaux, qui servait également à maintenir l'eau des bassines à une température uniforme.
Deux ouvriers étaient employés spécialement pour le service de la machine, deux autres donnaient le mouvement.
Une maîtresse ouvrière, qui était logée dans l'usine, surveillait le personnel des fileuses d'une manière assidue.
Douze ouvrières et quatre apprenties étaient occupées du jour à la nuit, avec un repos qui variait de deux à quatre heures, suivant la saison.
Les ouvrières gagnaient en moyenne de 1 fr. 25 cent. à 1 fr. 50 centimes par jour ; celles qui n'étaient pas de la localité même recevaient en outre la soupe le matin. Les apprenties touchaient de 0 fr. 40 à 0 fr. 50 cent. par jour.
On fabriquait tous les ans, à Myans, de 4 à 500 kilos de soie, qui étaient expédiés sur le marché de Lyon.
Les cocons, qui venaient tous du pays, représentaient environ 7,500 kilos.
Dans le seul hameau où se trouve située la fabrique, et qui se compose d'une vingtaine de feux à peu près, il n'a pas été versé, pendant une année (1869), moins de 3,000 francs pour achat de cocons.
Du reste, dans le but d'encourager l'éducation des vers à soie, les propriétaires distribuaient tous les ans, autour d'eux, une vingtaine d'onces de graine, qui répandaient un peu d'aisance et le goût de cette industrie parmi les populations, auxquelles ils donnaient déjà du travail en employant un certain nombre d'ouvrières à leur fabrique.
On ne peut qu'applaudir à cette mesure, qui était de nature à développer la production des soies du pays, et regretter que la filature de Myans ait cessé accidentellement de fonctionner.
Bibliographie, Source(s):
"La Savoie industrielle. Introduction. Industries textiles. Tanneries. Papeteries. Industries diverses" 1875
par Victor Barbier (1828-1898) (consultable sur Gallica.fr)