Jean Chapelle, maître sculpteur sur bois

Au hasard d’autres recherches, je suis « tombée » sur un sculpteur sur bois de Saint-Pierre d’Albigny.
Il y a sur notre territoire tant d’œuvres religieuses sculptées, dont nous ne savons rien…

Or, je n’ai rien trouvé dans les Archives en ligne concernant ce maître-sculpteur, qui semblait pourtant avoir pignon sur rue ; même Dufour et  Rabut l’ignorent. En pourtant…

Dans les registres paroissiaux : un maître-sculpteur à St-Pierre d’Albigny

Le 10 novembre 1739, Jean Chapelle, sculpteur sur bois apparemment chevronné, décède à Saint-Pierre d’Albigny     
RP 138E dépôt 44 vue 44

« Le dixième novembre 1739, est décédé après avoir reçu tous les sacrements, et le onze a été enseveli dans le cimetière de cette église paroissiale, honorable Jean fils de feu Louis Chapelle, natif de la paroisse de Sixt en Faucigny, diocèse de Genève, bourgeois de la ville de Thonon en Chablais, maître-sculpteur habitant en celle-ci depuis nombre d’années, âgé d’environ soixante et douze ans. »

Son décès pose problème au prieur de Gilly, qui lui avait commandé un retable – malgré son âge déjà avancé : l’achat du bois avait été financé ; mais jusqu’à quel point l’œuvre avait-elle progressé ? L’homme d’église souhaite trouver une solution ! il sait qu’une fille du sculpteur vit toujours dans les parages de St-Pierre.
Il écrit donc à son collègue de Saint-Pierre d’Albigny, pour demander son aide. Et sa lettre est conservée.    RP 138E dépôt 37 vue 40

 « Je vous avais prié de parler à la fille de feu Mr. Chapelle maître sculpteur, auquel j’avais donné prix-fait pour un retable, et lui avais déjà délivré dix-sept livres à compte, ainsi que j’ai le tout par écrit et par compromis avec lui, scavoir si cette fille veut me rendre mon argent -, ou du moins l’ouvrage qui doit être commencé, car il avait déjà acheté tout le bois nécessaire pour les dix-sept livres que je lui donnais en deux fois pour cela ; et je ferais achever l’ouvrage par un autre sculpteur ou bien, qu’elle le fasse achever, et je la payerais tout de même que suivant l’accord que j’ai fait avec son père.
J’attends donc réponse là-dessus, vous priant de vous donner cette peine pour lui parler et me procurer la conclusion de cette affaire.
Étant parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
    J. Chevallier, prieur de Gilly`16 janvier 1740

Au dos :

Je vous prie de faire tenir la lette à ladite demoiselle Chapelle, je lui écris pour cela, et le présent porteur pourra m’apporter la réponse, ou par quelqu’autre plus présente occasion. »

Y avait-il eu prix-fait passé devant notaire ? Le retable fut-il achevé ?  Cela reste à trouver.

On le voit, quoique haut-savoyard, et bourgeois de Thonon, Jean Chapelle, vivait – et travaillait a priori - depuis des années à Saint-Pierre d’Albigny : il reste peut-être des traces de son travail dans les alentours.
Il y avait sa famille : au moins cette fille déjà citée, qui reste à identifier.

Et son épouse, qui décède à St-Pierre en 1727 (RP 138E dépôt 43 Vue 115) :

Le 6 octobre 1727 a été enterrée Louyse femme du Sr Chapelle, sculpteur, âgée de 60 ans environ.

(Le nom de naissance de Louyse n’est pas précisé.)

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Exploration généalogique

Que peut-on savoir de ce haut-savoyard ?
Il faut toujours se montrer prudent sur l’estimation de l’âge des paroissiens par leur curé ! Cependant…

    S’il avait 72 ans en 1739, Jean Chapelle serait né en/vers 1667.
    Si elle avait 60 ans en 1727, Louyse son épouse serait née en/vers… 1667.

Je n’ai pas trouvé trace des Chapelle dans les Registres paroissiaux, ni à Sixt, St-Jean de Sixte, Sixt-Fer-à-Cheval, ni à Thonon ou La Roche-sur-Foron.
Au cas où « chapelle » serait un surnom lié à la profession de notre homme, j’ai cherché les « Jean fils de Louis » dans ces paroisses, et trouvé 2 items :
St-Jean de Sixt 7-6-1673 – Jean fils de Louis [Culherine, Culhevire] et Jeanne-Frçse (Gelliard)  E DEPOT 239/GG 5 vue 14
Thonon, 25-1-1677          – Jean fils de Louis Quine (ou Ruine) et Maria Buaz    RP AD074 cote 4 E 36 vue 348

Le nom de Chapelle n’est pas rare en Savoie ; les registres de St-Léger de Chambéry et ceux  de Conflans en regorgent !

D’autre part, un Louis Chapelle était répertorié comme « nouvel »  avocat au Sénat en 1628.     
(Mémoires et doc. / Société savoisienne d'hist. et d'arch. 1898)
 S’agit-il du père du maître-sculpteur ? ou plutôt, du grand-père ?
Il y a du pain sur la planche !

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Un maître-sculpteur actif à St-Pierre d’Albigny et dans les alentours fin XVIIe – début XVIIIe

Ce serait bien de répertorier les œuvres sculptées conservées (et/ou disparues !) du territoire pour cette période fin XVIIe – début XVIIIe. (Existe-t-il actuellement un retable à Gilly ?)
Parallèlement, la recherche des prix-faits dans les registres du Tabellion peut nous aider -mais seulement à partir de 1696.
Voilà de quoi passer l’hiver !

A. Dh. 26-10-2022