La soie à Fréterive

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En 1875, Victor Barbier (1828-1898) a publié un ouvrage très fouillé (consultable sur Gallica.fr) :
"La Savoie industrielle. Introduction. Industries textiles. Tanneries. Papeteries. Industries diverses"

Dans le tome 1, il consacre 158 pages à la production de la soie en Savoie, depuis 1616, et surtout au 19e siècle.
Les positions de l'auteur, en particulier sur les conditions de travail des femmes et des enfants, surprendront : elles sont très marquées par les mentalités d'une certaine classe à la fin du XIXe siècle...
On trouvera l'ensemble de ces pages transcrit sur ce site dans la rubrique "Pages d'Histoire"
Voici les notes concernant Fréterive.


FABRIQUE DE TAFFETAS DE FRÉTERIVE

Fréterive (Savoie), arrondissement de Chambéry, canton de Saint-Pierre-d'Albigny, 941 habitants. — Joli petit village situé sur la rive droite de l'Isère, au pied de la montagne da l'Arcluse. Non loin de là on voit le château de Miolans, ancienne prison d'État, dont il ne reste plus guère maintenant que des ruines intéressantes à visiter

À sept kilomètres de Saint-Pierre-d'Albigny, au fond d'un frais vallon adossé à la montagne, se cache le petit village de Fréterive.
C'est là que M. Dubettier, ancien maire de la localité, fonda en 1857 une fabrique pour le tissage de la soie. Après l'avoir exploitée fructueusement pour son compte pendant longtemps, il l'a louée à M. Baudon, de Lyon, qui entretient un contremaître chargé de diriger cette petite usine.

Quoique dans des proportions beaucoup plus restreintes que sa voisine de St-Pierre, elle marche dans de bonnes conditions, et fait tout spécialement des taffetas noirs unis dans les prix de 4 fr. 75 centimes à 6 francs en maximum.
Le mouvement est donné par une roue hydraulique qui peut développer une force maximum de cinq chevaux.
On ne s'occupe que du cannetage, dévidage et tissage. Les chaînes, envoyées toutes prêtes de Lyon, sont seulement mises sur le rouleau à l'usine.
Vingt-huit métiers marchent constamment, et donnent chacun de 5 à 6 mètres d'étoffes par jour.

Les ouvrières gagnent de 1 fr. 25 à 1 fr. 40 cent. ; les apprenties, au nombre de six, 0,75 centimes par jour.
Les ouvrières qui ne sont pas de la localité sont logées dans l'établissement, mais elles doivent toutes pourvoir à leur nourriture.
On n'emploie pas d'enfants au-dessous de douze ans. Les heures de travail sont, comme à Saint-Pierre, de 5 à 7 heures en été, et de 7 à 8 en hiver. L'interruption de travail est de deux heures en toute saison.

Les prix de façon sont calculés à raison de 23, 26 et 29 centimes, suivant la largeur de l'étoffe confectionnée.
La production totale peut être évaluée à 36,000 mètres, et le montant des salaires à 15,000 fr. environ.
On emploie également un homme pour donner les dernières façons, plier et emballer les pièces.

Bibliographie, Source(s): 

"La Savoie industrielle. Introduction. Industries textiles. Tanneries. Papeteries. Industries diverses", 1875
par Victor Barbier (1828-1898)
(ouvrage consultable sur Gallica.fr).