Soumis par Annie Dhénin le
Commune:
Texte:
Chamoux-sur-Gelon.
Au milieu de la vallée, coule le GELON : cours principal de la commune, il ne fait que la border - mais il lui aura valu bien des soucis. Aujourd'hui, le flux principal est en canal : le ruisseau d'autrefois n'a pas disparu, c'est le "Vieux Gelon", au pied des collines de Bettonnet au nord-ouest.
Au sud-est, la vallée (alt 300m) est bordée par la fin de la chaîne de Belledonne : les monts Fauge (alt.1337m) et Solliet (alt.1258m) s'élèvent rapidement : 1300m séparent à vol d'oiseau le 2e Berre du sommet du Solliet. Aussi, les nombreux ruisseaux qui dévalent les pentes boisées peuvent se montrer capricieux !
LE GELON
Le Gelon, quant à lui, est tout près de se perdre dans l'Isère : long de 27 km, son parcours dessine un U fermé, si bien que la distance à vol d'oiseau entre sa source (alt. 1340m) et son lit à Chamoux (300m) n'est que de 5 km !
Longtemps, le Gelon a occupé le fond de la vallée, changeant de cours au gré des crues, et répandant les miasmes. Il se jetait alors dans l'Arc, dont les débordements faisaient refluer les eaux du Gelon : les inondations durables de la basse vallée étaient fréquentes. Enfin, au 19e siècle, le Gelon a été endigué, et le percement du "tunnel de Chamousset" permit vers 1850 d'abaisser sa confluence... avec l'Isère.
Pour aller plus loin, et voir l'histoire de ces travaux (impressionnants), cliquer ici(le lien est externe).
LES RUISSEAUX (ou nants) :
De la montagne descendent DE NOMBREUX RUISSEAUX, plus ou moins torrentiels, source de vie… et de catastrophes, à surveiller de près. Ils ont formé des buttes, les "cônes de déjection", où les constructions se sont serrées, au-dessus de la plaine longtemps inondable, au plus près de l'eau vive nécessaire à l'alimentation des hommes et des bêtes, à l'arrosage des potagers, à la lessive…
Chamoux compte aujourd'hui 7 groupes de constructions : le Bourg et 5 hameaux : à l'est, Montranger sur le plateau, une petite partie de La Grande Croix d'Aiguebelle et les 3 Berres; à l'ouest, Villardizier.
Montranger sur le plateau : un captage près de la chapelle, s'évacue par le "ruisseau de Montranger"
La Grande Croix d'Aiguebelle : ruisseau de Pommeriaz.
entre La Grande Croix d'Aiguebelle et le 3e Berre : couloir de la Chaume, ruisseau de Montranger
au 3e Berre : nant Bertrand, ruisseau du Boriant, et ruisseau du nant du 3e Berre
au 2e Berre : ruisseau du Tilleret
entre 2e et 1er Berre : couloir, nant Gaillet
au 1e Berre : ruisseaux de Berre (1 et 2)
entre 1e Berre et Bourg : ruisseau du Grand Gollet
au Bourg : ruisseau de Montendry
entre le Bourg et Villardizier : ruisseau de la Croisette (1 et 2)
à Villardizier: ruisseau des Côtes : couloir du Bourdon, nant Fourchu
à l'ouest de Villardizier : nant Richard, ruisseau du Nantet, nant Nantet
Les violents caprices des ruisseaux ont conduit les hommes à AMÉNAGER LEUR COURS, afin d'apaiser leur ardeur :
- création de talus (pour les endiguer)
- détournement de cours (voir le détournement du ruisseau de Montendry face au château, et les talus qui ont permis d'assainir la Bettaz)
- plages de dépôt : gros souci des organismes responsables, ces aménagements toujours à reprendre... par définition: terre, roches et végétaux - des troncs entiers! - s'effondrent dans les ruisseaux et dévalent la pente souvent forte ; aux ruptures de pente, ils s'amoncellent, créant des barrages dangereux, difficiles d'accès. Dès la fin du Moyen-âge, les riverains étaient tenus de déboiser les bords des ruisseaux... plus facile à dire qu'à faire !
Le recours : la création aux ruptures de pente, d'aires dégagées, limitées en aval par un muret qui laisse juste le passage nécessaire à l'écoulement des eaux; bien sûr, il faut curer ces "plages de dépôt" régulièrement, et surveiller l'état des maçonneries soumises à rude épreuve.
À leur arrivée en plaine, ces ruisseaux sont réunis, dirigés souvent vers les GRAND FOSSÉS.
En effet, la plaine est sillonnée de fossés qu'il fallut créer, et entretenir constamment à cause du remplissage par les terres, roches et végétaux dévalant de la montagne, destruction par la végétation, les rongeurs… Les plus importants sont parallèles à la montagne, et collectent l'eau des premiers fossés venant de la montagne :
- Grand Fossé
- Fossé de l'Âge
L'EXPLOITATION DES COURS D'EAU
L'ACCÈS À L’EAU a été aménagé près des zones habitées : fontaines, lavoirs et abreuvoirs, avec leur réseau de conduites.
- les réservoirs de hauteur, les bourneaux
- les lavoirs et les abreuvoirs
- les fontaines
(tous ces aménagements ont apporté aux habitants hygiène, sécurité, confort, avant les grands travaux d'adduction d'eau en provenance des Bauges - sur l'eau des Bauges, voir ici(le lien est externe))
Montranger sur le plateau : sur le chemin, un ancien réservoir pour l'alimentation en eau des hameaux; à Montranger, un bassin alimenté par captage près de la chapelle.
entre La Grande Croix d'Aiguebelle et le 3e Berre, couloir de la Chaume ?
au 3e Berre, ruisseau du nant du 3e Berre: un bassin-lavoir daté des années 1930
au 2e Berre, ruisseau du Tilleret: un bassin-lavoir
au 1e Berre : ruisseaux de Berre (1 et 2): un bassin-lavoir
au Bourg, ruisseau de Montendry très aménagé au cours des siècles:
au moins 2 fontaines, un bassin sous les murs du château, un lavoir près du pont
(d'autres ont disparu: l'un sur la continuation du bief, sous les murs du château: il laissa place aux abattoirs, aujourd'hui disparus à leur tour ; un espace-lavoir mal identifié, au Pré-Pourri; d'autres encore, probablement).
à Villardizier, nant Fourchu: un bassin-lavoir ; un puits
Enfin, tout le long de la montagne, au prix d'aménagements encore visibles, les ruisseaux ont permis la création de nombreuses INSTALLATIONS PRÉ-INDUSTRIELLES : moulins, scieries, usines hydro-électriques, etc.
Sur le nant de Montendry, on relève tout cela, grâce à la création d'un bief qui traverse le parc du château et file vers le Gelon : en amont du pont, une prise d'eau sur le ruisseau de Montendry dessert un bief avec réservoir de régulation ; dans le parc du château, l'étang établi sur le prolongement du bief permettait de réguler le débit alimentant le complexe moulin / scierie, et un lavoir ((cet étang seigneurial a-t-il alimenté les douves du château ? fut-il autrefois empoissonné, comme le souhaitait Louis de Seyssel-la Chambre ?)
- usine hydro-électrique Meurier-Janex
- moulin Berthellet
- moulin à farine déjà connu au XVIIe siècle, alors propriété du seigneur du château (production de pâtes alimentaires de la fabrique Allamand au XXe siècle)
- moulin à huile et scierie Berthollet
Ces artifices ont tous cessé leur exploitation.
L'EXPLOITATION DU TUF
Enfantée par les eaux de ruissellement calcaires, la production de TUF n'a pas échappé à nos ancêtres!
Les pierres d'angle des constructions anciennes sont souvent réalisées en tuf, cette pierre à la fois très solide et légère, résistante mais relativement facile à travailler.
Le tuf est produit par l'écoulement d'eaux très chargées en calcaire sur des végétaux hydrophiles (mousses…) : le dépôt de calcaire sur ce support très aéré finit par produire une masse minérale alvéolée utile en construction.
La géologie du mont Solliet et du mont Fauge est complexe, et présente des couches calcaires : cqfd! On peut voir du tuf en formation en hauteur aux 7 Fontaines (commune de Montranger), ou à la Grande Croix d'Aiguebelle par exemple.
Bibliographie, Source(s):
Site consacré au patrimoine de Chamoux : https://patrimoine-chamoux-sur-gelon.ahcs73.fr
Campagnes de photos A et JF Dh. années 2011-2020, Clichés Marius Neyroud, Photos Fonds Janex, Duret.